Un avant goût de liberté

Ma scolarité à débuté en maternelle comme la plupart d’entre vous. J’ai peu de souvenir en règle général, ma mère me rapporte des évènements, j’ai quelques souvenirs à type d’image et de sensation  par conséquent il m’est difficile d’y mettre de l’émotion.   

Donc en maternelle, j’étais une enfant plutôt réservée, qu’il fallait sollicitée. Je n’aimais pas les activités salissantes telles que la terre à modeler, la peinture, le sable. D’ailleurs, la plage n’était pas une partie de plaisir à priori, trop de sable et l’eau ne pouvait pas atteindre mes orteils tellement je repliais mes jambes et recroquevillais mes orteils dans les bras d’un adulte.  

Je me suis faite harcelée pendant 2 ans par une autre élève, qui me frappait régulièrement.  Mes parents ont fini par le comprendre parce que je ne voulais plus aller à l’école. Le signalement a été fait auprès de la directrice pour que cela cesse. Cette élève c’était justement la fille de la directrice qui a eu des difficultés à reconnaître ce que sa fille pouvait faire et tellement dans la mauvaise foi qu’elle avait décider de mon avenir en disant à mes parents que je serai une bonne à rien.  

En primaire, j’étais plutôt du genre première de la classe, à vouloir faire bien voire même à vouloir être parfaite. J’ai le souvenir de quelques instants dans la cour de récréation à jouer à l’élastique, à idolâtrer les doigts d’une de mes copines, les pauses déjeuner à la maison où j’en profitais pour faire des recherches de mots dans le dictionnaire. J’ai aussi les images de la maîtresse d’école qui me parle de sa hauteur avec bienveillance et moi pleurant avec la sensation de déception, de ne pas avoir assez bien fait.  

Au CE1, je me faisais raquetter mon goûter par une autre élève, mes parents on fini par l’apprendre. Ils ont fait le nécessaire auprès de l’école pour que cela s’arrête. Eh oui!!! Les parents devaient fournir le goûter pour les élèves qui restaient à l’étude le soir ce qu’on appelle aujourd’hui la garderie ou le périscolaire.  

En CE2 je me suis retrouvée dans une classe double niveau CE2/CM1, j’ai changé d’école. Dans le village il y avait “l’école des filles” et “l’école des garçons” qui n’étaient plus utilisées à cet effet mais c’était bien 2 endroits différents. Nous étions 4, 3 garçons et moi. La compétition a été rude tant dans la scolarité que dans la cour de la récré. J’ai essayé de faire ma place tant bien que mal. J’ai arrêté de mettre des vêtements de filles, je n’avais plus d’amies filles, mon meilleur ami que (je considérai comme tel à l’époque) était avec moi aussi, mais à l’école il était différent. 

Finalement, j’ai plutôt la sensation d’avoir été seule jusqu’au CM2 où j’ai retrouvé mes copines et je sens un peu plus de légèreté quand je replonge à ce moment-là, avec un maître gentil et ferme à la fois tel un ours protecteur.  

Le collège et le lycée m’évoquent la tristesse, le sensation de me sentir seule, et aussi être de bons conseils auprès de mes amis, qui souvent me disait que j’étais comme une seconde maman. En 4ème, j’ai fait mon premier “burn out”.  

Le premier point de rupture s’est passé en cours de technologie, j’ai baillé avec un peu trop de véhémence au goût du prof qui m’a reprise. Ses mots ont resonné comme une injustice car jamais je ne manquais de respect ou faisait de bruit, et que ce bâillement était plutôt un signal d’alerte. Je me suis mise à pleurer. 

 Les trajets se faisaient par le car, je me souviens de ce soir-là, je rentrais à pied de l’arrêt de car jusque chez moi en compagnie des autres élèves du quartier, environ 10mn de marche. Les 10mn de marche les plus longues de ma vie je crois, avec une fatigue intense. Une fois rentrée chez moi j’ai fait un malaise avec perte de connaissance et probablement petite convulsion avec relâchement des sphincters. Je me suis mise directement au lit, ce qui était inhabituel. La fièvre a donné l’alerte pour que ma mère décide pour une fois que je n’aille pas à l’école et que je puisse consulter le médecin.  

Le verdict du médecin : surmenage qui a nécessité du repos pendant quelques jours.  

De la 6ème à la 4ème, j’étais plutôt toujours en retrait, complexée par une prise de poids importante, des douleurs aux genoux invalidante qui m’ont fait poser un regard sur moi-même très dur : “la grosse qui quoi qu’elle fasse, sera jugée parce qu’elle est grosse”.  

Le lycée… quelle angoisse, quelle solitude.  Je me suis retrouvée sans connaitre personne dans ma classe de seconde. Jamais je ne revivrai cette époque, tellement sombre et noire. D’ailleurs je n’étais plus première de la classe, probablement envahie par toute cette obscurité.

  • Jusqu’en terminale où j’ai rencontré des filles sympas qui sont devenues de vraies copines.
  • Jusqu’à ce que ma mère veuille bien que je perde du poids et que je perde du poids
  • Jusqu’à ce que je parte en vacances avec mes copines sans adultes e
  • Jusqu’à ce que je parte vivre à Paris en colocation avec une des mes nouvelles copines. Pourtant je partais sans conviction dans des études de science de la vie à la fac, pour faire je ne sais quel métier. Je pense que ce que je pouvais percevoir c’était les prémices de la liberté, la lumière au bout tunnel!!! … 

Au travers de cette rétrospective ce que je remarque c’est ma position de victime et de sauveuse, mon énergie forte et constante qui s’épuise si je ne l’utilise pas correctement, un besoin de liberté et de m’affranchir de l’autorité.  


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