La fin du lycée approchant, la question de savoir ce que je voulais faire après était anxiogène déjà depuis quelques mois. Je n’avais pas de projection, pas d’idée hormis celle d’être infirmière mais très loin dans ma tête. La pression pesait sur mes épaules, au regard de mes parents je suis la première de toutes les familles réunies (paternelle et maternelle) à passer le bac, potentiellement l’obtenir en plus d’être une fille.
Le bac, je l’ai obtenu non pas sans mal, j’ai passé un Bac S spécialité math parce qu’on m’a dit que je pourrais aller et faire ce que je voulais avec. A cette époque j’étais plutôt obéissante, sans plus de caractère, et les choix jusqu’ici étaient très compliqués même pour les moindres petites choses par conséquent souvent ils n’étaient pas les miens.
Une matière où je me sentais à peu près à l’aise “science de la vie et de la terre” (la SVT), du coup ben allons-y : fac de biologie à René Descartes, c’était mon premier vœu, les autres je ne m’en souviens pas.
Passage du BAC : les oraux ont été une catastrophe, déjà rien qu’à l’idée de passer à l’oral m’empêchait de bien réviser avec toujours cette peur de me montrer et de placer ma voix. Les écrits se sont passés tant bien que mal et au final je suis au rattrapage.
Pffiou!!! Imaginez encore l’angoisse, encore des oraux !!! Je me suviens juste de mon oral de physique chimie, l’angoisse physique qui prend aux tripes (vous connaissez l’expression se chier dessus, non ?), de ne pas dire ce qu’il faut, de ne pas y arriver, de décevoir ma copine et mes parents.
Verdict : je suis reçue au rattrapage, je ne sais pas comment mais c’est bon c’est passé !! Les projets de colocation à Paris se concrétisent. Car oui y avait ma copine qui souhaitait encore plus que moi que je réussisse je pense pour pouvoir avoir un appart à Paris.
Bac en poche, nous voilà parties à Paris. Clairement la fac j’ai tenu 6 mois avant dedire à mes parents que j’y allais par intermittence et que ça ne me convenait pas. Trop de liberté d’un coup !!!
La menace de rentrer chez mes parents a été suffisante pourque je me lance dans un contrat de qualification en tant qu’assistante dentaire et continuer à avoir mon indépendance, non plus à Paris mais dans une ville avec un RER. Et là pendant que j’écris je vois le p’tit diable de la tentation que j’ai suivi.
Deux ans de contrat chez un orthodontiste plutôt sympa et tolérant mais qui n’a pas voulu m’embaucher même diplômée car pas fiable. Lepetit diable… je sortais du jeudi au samedi à Paris, donc autant vous dire qu’il y a quelques matins où je ne me suis pas levée. Mais comme je disais, plutôt sympa le gars, il me dit de postuler chez un fournisseur qui recrute.
Ni une ni deux, me voilà recrutée en tant que chargée de clientèle dans la vente de produits et matériel orthodontique pendant quelques années. J’y ai rencontré des gens sympa, attirant, maternant, pas fiable, j’ai découvert le monde de l’entreprise et des cultures différentes. Expérience riche, à laquelle j’ai mis un terme en faisant le nécessaire pour me faire licencier.
De nouveau sur le marché du travail, j’ai travaillé dans un cabinet dentaire, où le dentiste me disais tous les jours “mais qu’est-ce que tu fais là, ce n’est pas ta place d’être assistante dentaire”, jusqu’à ce que je lui dise que je quittais le poste pour devenir infirmière.
Entre temps j’avais passé le concours pour devenir infirmière militaire avec l’idée d’être mobile, de quitter la France. Les tests psychotechniques sans les avoir bossés avant sont un peu rudes, faut bien le dire, et la visite médicale !!! J’en parle ?? Oui j’en parle. Le médecin qui m’a reçu avait un doute sur le fait que j’ai toutes mes dents…. il les a comptées une par une, et mes doigts qui présentent une malformation innée ne lui ont pas plu et m’a demandé d’aller voir un généticien. Un généticien, ah ouais quand même !! Ça ne court pas les rues, même à Paris pour avoir un RDV dans les 3 semaines c’était impossible. Ça a fini de me convaincre que ce n’était pas pour moi.
Je me suis donc rabattue sur le concours de l’AP-HP, obtenu sur liste principale. Et puis finalement, j’ai fait mes études dans ma ville natale donc hors AP-HP, mais ça c’est une autre histoire.
C’est donc à 25 ans que je reprends les études par choix, je voulais expérimenter autre chose avant de me lancer car pour moi être infirmière ça résonnait dans ma tête comme une vocation, une carrière de toute une vie et qu’une fois que j’y suis j’y reste.
Bilan de ces quelques années : je fais face inconsciemment à des conditionnements que j’ai entendus, vus ou qui se sont imprégnés dans mes cellules juste par de l’intention (je pense notamment à cette directrice d’école qui affirmait que je serai une bonne à rien), des croyances, des projections des autres, je découvre un tout petit peu qui je suis au travers mes expériences sans vraiment m’incarner.
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